30 mai 2021

Tribune de Glières : paroles de résistances

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Malgré l’interdiction préfectorale, le rassemblement “Paroles de résistances” a réuni autour du CRHA (Citoyens Résistants d’hier et d’aujourd’hui) environ 350 personnes dimanche dernier au plateau des Glières en Haute-Savoie.

Les membres du CNNR (Conseil National pour la Nouvelle Résistance) ont participé au rassemblement dans ce haut lieu de résistance et de mémoire.

Une semaine auparavant, des policiers factieux avaient été autorisés à se rassembler en masse et sans masques, pour certains, devant l’Assemblée nationale.

Le Conseil National de la Nouvelle Résistance (CNNR) a été lancé en mai 2020, en plein confinement, pour «contribuer à la création d’une alternative viable, écologique, sociale et solidaire à la société polluante, libérale, financière et égoïste dans laquelle notre humanité s’enfonce et se perd» (déclaration du 27 mai)

Il y a un an une poignée de personnes a décidé de créer le CNNR dont “la vocation était de continuer à stimuler la révolte pour qu’adviennent les jours heureux, l’un n’allant pas sans l’autre.

Le CNNR n’est pas un nouvel organe de luttes il rassemble les contestations déjà présentes et les réunit autour d’un symbole puissant, celui des résistants et du CNR…

Aujourd’hui, un an après, nous sommes nombreux aux Glières pour témoigner de cet engagement malgré les tentatives de nous en dissuader.

Il y a un an, le gouvernement s’est saisi du COVID pour opposer la sécurité à la liberté.

De quelle sécurité parle-t-on ?

Celle d’un État providence ou celle d’un État au service de quelques-uns…

Sur la sécurité, dont on nous rabat les oreilles, nous voulons des gardiens de la paix, pas des forces de l’ordre, nous voulons de l’humanité pas de la brutalité et de l’impunité.

Cette période a été prétexte à un lent grignotage de nos libertés, à un gouvernement autocratique, à une mise à l’écart du Parlement et encore plus des citoyens infantilisés à l’extrême.

Le gouvernement a utilisé la peur pour nous imposer depuis des mois un état d’urgence qu’il fait rentrer progressivement dans le droit commun. Il en a profité pour passer ses lois liberticides (LSG, loi sur le respect des principes de la république, réforme de l’assurance chômage…).

Pire encore, nous assistons à une sorte de capitulation rampante et générale face à l’extrême droite.

Pendant ce temps le séparatisme des riches se renforce : accumulation de l’épargne, distribution record de dividendes taxés au plus bas, augmentation des milliardaires partout dans le monde y compris en France quand parallèlement on ne compte plus, on distribue sans contreparties mais on continue à licencier et supprimer des emplois, à vouloir puiser dans les indemnités chômage.

Pendant ce temps, la pauvreté a augmenté, les jeunes, les femmes et tous ceux qui vivent d’emplois intermittents sont les plus touchés, les étudiants les plus défavorisés ont été laissés pour compte.

Pendant ce temps, on a trahi les citoyens qui se sont investis dans la convention climat. L’arrêt partiel de l’économie a fait baisser les émissions de CO2 mais la tendance est toujours à la hausse, aucune réflexion d’ampleur n’a été menée pour réorienter les options économiques, sociales et écologiques : les agriculteurs bio se voient sucrer leurs subventions, on continue à bétonner, la réforme Hercule soi-disant abandonnée est toujours dans les tuyaux ….

Le gouvernement n’a qu’une chose en tête : vite vacciner pour revenir au “monde d’avant” continuer ses réformes structurelles délétères, comprimer les dépenses publiques, faire insidieusement rentrer dans la tête des citoyens l’idée qu’ils devront “rembourser la dette”… et détruire ainsi encore plus la sécurité sociale qui nous est chère.

Le Président Macron laissera derrière lui un taux de pauvreté et un taux d’inégalités en augmentation, une atteinte sans précédent à notre système de protection sociale, une liquidation d’une grande partie de nos biens communs et de notre patrimoine national avec des restrictions et des privatisations à la pelle : écoles, université et hôpitaux, retraite, transports, trains, énergie, barrages, française des jeux.

Il aura laissé partir nos plus belles industries …plus rien n’est à l’abri de la voracité de ceux qui font profession de concurrence pour avoir les mains libres.

Ce que nous voulons, notre ambition, c’est retrouver la vision de Croizat inscrite dans le préambule de la constitution qui “garantit à tous la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs : tout être humain, qui en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler, a le droit d’obtenir de la collectivité les moyens convenables d’existence” : nous voulons des droits attachés à la personne.

Ce que nous voulons, notre ambition, c’est retrouver notre souveraineté économique, reconquérir et développer “nos biens communs : l’air, l’eau, la biodiversité, la santé, l’éducation et la culture …

Ils ne peuvent faire l’objet d’appropriation privée et doivent être gérés par des services publics citoyens”.

Notre devise liberté, égalité, fraternité reste un beau projet pour notre pays ; mais nos dirigeants et leurs commanditaires ne se sont trop longtemps emparé que de la liberté pour quelques-uns, délaissant l’égalité, l’équité et la fraternité pour tous les autres.

Il nous faut renverser l’ordre des choses et commencer par la fraternité et la solidarité, l’action immédiate et prioritaire envers les plus vulnérables, ceux qui en ont le plus besoin : les sans-abris, les sans-emplois, les personnes à capacités réduites, les mal-logés, les 10 millions de personnes (dont 20% d’enfants) qui vivent sous le seuil de pauvreté.

S’ils commencent à aller mieux, ce sera positif pour tout le monde.

Et dans le vulnérable, il faut compter tout le vivant, pas seulement l’humain mais aussi la nature et les animaux.

Nous voulons permettre à tous de se libérer de l’angoisse du lendemain, de retrouver le chemin du bonheur et de la dignité, des “Jours Heureux”, pas celui que prônent les chantres du développement personnel, du culte de la performance et de l’image, autre forme du néolibéralisme et de ses usines à fric, mais celui qui passe par le changement social et écologique.

Et pour ce faire, Il faut aller chercher l’argent là où il est …

On nous a parlé du ruissellement, quelle blague ! parlons plutôt de jaillissement.

C’est un changement radical de modèle, un renversement de l’action et du point de vue : partons des besoins des gens et non pas de règles édictées d’en haut par l’oligarchie, partons de leurs initiatives, de leurs capacités pour les soutenir et non pas les brimer.

Aujourd’hui nous sommes aux Glières pour affirmer que c’est par la Résistance que nous retrouverons notre dignité, celle d’un peuple au service du bien commun.

La résistance à l’oppression est un droit que nous comptons bien faire vivre auprès du plus grand nombre

Glières, le 30 mai 2021