Les Robes grises avec Jeannette Lherminier et Germaine Tillion à la MJC

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Description

Dessins et manuscrits de Jeannette Lherminier et Germaine Tillion

Germaine Tillion

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Germaine Tillion, née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire) et morte le 19 avril 2008 à Saint-Mandé (Val-de-Marne), est une résistante et ethnologue française.

Titulaire de nombreuses décorations pour ses actes héroïques durant la Seconde Guerre mondiale, elle est en 1999 la deuxième Française à devenir grand-croix de la Légion d’Honneur après Geneviève de Gaulle-Anthonioz.

Un hommage de la Nation lui a été rendu au Panthéon le 27 mai 2015, où elle est entrée en même temps que Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette.

Elle crée l’association Germaine Tillion en 20041.

La Résistance (1940-1942)

Sa seconde mission prend fin en mai 1940 ; elle quitte Kebach le 21 mai et arrive à Paris le 9 juin, en pleine débâcle de l’armée française. Ayant quitté Paris avec sa mère, c’est au cours de l’exode qu’elle entend le discours de Pétain du 17 juin (« il faut cesser le combat »), auquel elle réagit par un refus immédiat et catégorique.

Peu après l’armistice, elle recherche d’autres personnes ayant le même point de vue qu’elle et prend contact avec Paul Hauet (1866-1945), colonel en retraite devenu industriel, anti-pétainiste de longue date ; elle trouve aussi des sympathies au Musée de l’Homme (Réseau du musée de l’Homme : Yvonne Oddon, Paul Rivet…)31.

Après le retour à Paris de Boris Vildé (juillet) et d’Anatole Lewitsky (août), s’établit un réseau autour de Paul Hauet et Boris Vildé, avec pour objectifs l’assistance aux prisonniers de guerre notamment africains, le renseignement militaire et la propagande (journal Résistance, publié à partir de décembre 1940).

Germaine Tillion ne participe pas à Résistance, elle est surtout l’adjointe de Paul Hauet dans le cadre de l’Union nationale des Combattants coloniaux, qui sert de couverture à leurs activités.

À la fin de l’année 1940, elle donne les papiers de sa famille à une famille juive qui sera ainsi protégée jusqu’à la fin de la guerre.

Le réseau est démantelé en 1941 : arrestations en janvier-mars de Boris Vildé, Anatole Lewitsky et d’autres personnes du Musée de l’Homme, puis en juillet de Paul Hauet et de Charles Dutheil de La Rochère.

Germaine Tillion devient alors responsable de ce qui reste du réseau.

En janvier 1942, le procès contre Vildé, Lewitsky, Oddon, etc. aboutit à sept exécutions pour espionnage.

Dernières activités de Résistance (juillet 1941-août 1942)

Amie des Lecompte-Boinet, elle entre en contact avec Combat Zone nord et par Jacques Legrand, avec un groupe lié à l’Intelligence Service, le réseau Gloria.

Mais celui-ci est infiltré par un agent de l’Abwehr, Robert Alesch, prêtre, vicaire de La Varenne-Saint-Hilaire (à Saint-Maur-des-Fossés) , qui réussit à livrer de nombreux résistants, dont, le 13 août 1942, Germaine Tillion, lors d’un rendez-vous à la gare de Lyon.

Jugé en 1949, il sera condamné à mort et exécuté.

Incarcération (août 1942-octobre 1943)

Après un passage rue des Saussaies, elle est incarcérée à la prison de la Santé, subissant quatre interrogatoires (par l’Abwehr) en août et trois en octobre.

Inculpée pour cinq chefs d’accusation, elle est transférée à Fresnes, où en janvier 1943, elle apprend l’arrestation de sa mère.

À Fresnes, elle obtient la disposition de sa documentation et poursuit la rédaction de sa thèse.

La déportation : Le Verfügbar aux Enfers

Déportées à Ravensbrück.

Le 21 octobre 1943, intégrée dans la catégorie NN, Germaine Tillion est déportée sans jugement et emmenée avec 24 autres prisonnières de Fresnes au camp de Ravensbrück, au nord de Berlin, par train de voyageurs (sans passer par le camp de Compiègne).

Sa mère, résistante comme elle, y est déportée en février 1944 et est gazée en mars 1945.

Placée dans la catégorie des Verfügbar (de l’allemand verfügbar : disponible), prisonniers non affectés à un Kommando de travail, mais « disponibles » pour les pires corvées, elle réussit à échapper pendant plusieurs mois à tout travail pénible, et utilise toutes ses capacités pour comprendre le monde dans lequel elle se trouve.

En mars 1944, elle fait clandestinement une conférence pour quelques-unes des déportées françaises.

Elle fait la connaissance de Margarete Buber-Neumann, qui dès cette époque lui apprend ce qu’est le système des camps de travail forcé soviétique.

Elle y rencontre également Denise Vernay, résistante, qui participera à ses recherches ultérieures sur le camp.

En octobre 1944, elle écrit, sur un cahier soigneusement caché, une opérette Le Verfügbar aux Enfers. Germaine Tillion y mêle des textes relatant avec humour les dures conditions de détention et des airs populaires tirés du répertoire lyrique ou populaire. L’opérette sera mise en scène pour la première fois en 2007 au théâtre du Châtelet, à Paris.

Grâce à une mise au revier (infirmerie-mouroir) et à des complicités, Germaine Tillion échappe à un transport à destination du camp de Mauthausen, à une époque où les autorités du camp mènent une politique d’extermination systématique (création d’une chambre à gaz au début de 1945).

Puis un événement inattendu a lieu : la tentative de Himmler de négocier son avenir avec les puissances occidentales.

L’évacuation en Suède (avril 1945)

Début avril, 300 Françaises sont évacuées par la Croix-Rouge internationale, mais les détenues Nacht und Nebel sont exclues. Un peu plus tard cependant, des négociations entre Heinrich Himmler et le diplomate suédois Folke Bernadotte permettent à un autre groupe de détenues françaises, dont elle fait partie, d’être évacuées par la Croix-Rouge suédoise ; le 24 avril, elles sont emmenées en autocar à Padborg au Danemark (encore occupé), puis en train à Göteborg en Suède où elles sont prises en charge par un établissement hospitalier.

Elles réussissent à sortir du camp des documents, notamment des photographies relatives à des expériences médicales menées sur des détenues, le texte de l’opérette, etc.

Dès le début du séjour à Göteborg, Germaine Tillion lance un travail de recherche sur le camp de Ravensbrück à travers un questionnaire qu’elle utilisera ensuite pendant plusieurs années.

Une partie des archives de ces travaux est aujourd’hui disponible dans le fonds ADIR de La contemporaine, l’autre (les « fiches blanches ») dans le fonds Germaine Tillion du Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon .

Jeanne L’Herminier

Marie-Altée l’Herminier, dite Jeannette (née à Nouméa, le 15 octobre 1907 et morte le 7 mars 20071 à Vanves), est une résistante et déportée française.

Biographie

Elle est la sœur du capitaine de corvette Jean l’Herminier commandant le sous-marin Casabianca qui s’est échappé de Toulon lors du sabordage de la flotte le 27 novembre 1942.

Elle s’engage dans la Résistance. Le 19 septembre 1943, elle est arrêtée avec sa belle-mère à Paris par la Gestapo, car les deux femmes cachaient un aviateur américain et appartenaient aux réseaux Buckmaster.

Elle est déportée en février 1944 à Ravensbrück, camp de femmes installé au nord de Berlin. Dans ce camp de concentration, elle commence à croquer les silhouettes de ses camarades détenues.

Pour échapper à l’horreur des camps, elle embellit ses camarades pour les montrer telles qu’elles auraient dû être. Pour dessiner, elle utilise des morceaux de journaux puis des boîtes de cartouches récupérées dans le Kommando de Holleischen, une fabrique de munitions où elle travaille.

Elle fit ainsi plus de 150 dessins, réalisés et sauvés grâce à la complicité souvent dangereuse de ses camarades (notamment Elisabeth Barbier, qui sortira du camp la plupart des dessins de Ravensbrück).

Après avoir récupéré la grande majorité de ces dessins clandestins, elle les confie en 1987 au Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon et au Musée de l’Ordre de la Libération, à Paris.